Nourrie de ses rencontres successives - David Gordon, Yvonne Rainer ou encore Odile Duboc, qu’elle cite volontiers comme les plus marquantes - de sa participation aux activités du groupe Dunes à Marseille, la danseuse autodidacte des années 80 devient chorégraphe au début des années 90 en fondant sa compagnie. Pièce après pièce, elle travaille par ricochets et par rebonds, s’attachant le plus souvent à creuser une piste dont le potentiel n’aurait pas été suffisamment exploré lors d’une étape précédente. Elle adopte rapidement comme postulat que le simple fait de réfléchir est déjà une action. Cohérente, elle garde aussi toujours à l’esprit qu’il y faut du jeu pour mettre les corps et la réflexion en mouvement. C’est avec ce détachement caractéristique que Martine Pisani cherche l’espace entre. Elle cherche l’espace nécessaire pour que le sens reste ouvert. Entre être et jouer, elle cherche la bonne distance. Et elle démontre que pour savoir jouer, il faut parfois s’y prendre avec sérieux. 

Martine Pisani vit et travaille à Paris. En 1992 elle crée sa propre compagnie et depuis 1993 une vingtaine de pièces et performances, notamment : U-Nighted (duo, 1993) en collaboration avec Marco Berrettini et Caty Olive, Bande à part (sextuor, 2004), Contre Bande (solo avec un chœur d’ amateurs, 2005), o please tll e me (solo, 2006), pour Lorenzo de Brabandere (commande du Vif du sujet, 2007), Hors sujet ou le bel ici (trio, 2007), as far as the eye can hear (trio en plein air au jardin Fernando Pessoa, Lisbonne, Portugal, 2010).