Catherine Contour

Née à Paris, vit près de Grenoble, travaille où ses projets l'entraînent.

Avec une double formation en arts visuels à l’École Nationale Supérieure des Arts-Décoratifs de Paris (scénographie) et en danse contemporaine dans de nombreux contextes, son parcours est ponctué de rencontres déterminantes : Carolyn Carlson, Lucinda Childs, Jacques Patarozzi, François Verret, Simone Forti, Lisa Nelson, Steve Paxton, Claude Régy, Jean-Paul Thibeau, Laurence Louppe, Zhou Jing Hong, Jean Becchio, François Deck.

Les pratiques énergétiques chinoises sont très présentes dans son approche du corps et du mouvement. Artiste à la démarche singulière, elle travaille en complicité avec d’autres artistes par regroupements temporaires et souples au sein de l’association KOB, dont elle assure la direction artistique depuis 1988. À l’image du projet emblématique Chambre – étapes chorégraphiques en chambres d’hôtels, elle met en place une méthodologie singulière dans laquelle elle questionne l’évidence des codes qui régissent la représentation pour mieux s'en affranchir et expérimenter.

Son travail d'artiste-exploratrice se conçoit comme une recherche en mouvement, faite d'hypothèses plus que de principes. Le processus rencontre le public à travers : spectacle, conférence-performance, installation, dispositifs d’expérimentation, séminaire, film, photographie, publication, création radiophonique. Sa pratique du collectage lui permet de constituer au fil du temps un vaste corpus de matériaux (gestes, images, sons, paroles...) ainsi qu'une panoplie (matières, vêtements, objets...) dans lesquels elle puise en fonction des projets : recyclage et hybridation.

Ses propositions sont des invitations à partager des expériences esthétiques lors de moments de cohabitation dans des lieux dont les usages s’inventent sans cesse. Chaque pièce inclut la présence d’un témoin dont le témoignage est réinjecté dans le processus de création.

Catherine Contour défend la notion de spectacle en responsabilité partagée. Elle développe une conception de l’improvisation où humour à froid, jeu et détournement se conjuguent avec délicatesse, de l’excès jubilatoire à l’infime. Elle instille le goût d’une liberté d’invention-fabrication de figures, de danses, de rôles, de bribes de fictions, de chansons, d’images, de mondes. Son « burlesque conceptuel » – C. Wavelet a souligné la dimension rabelaisienne des autoportraits – prend appui sur une approche extrême-orientale du corps basée sur des pratiques énergétiques et se nourrit d’influences d’artistes de la Post-modern Dance, du Dadaïsme et de Fluxus.

Habiter, rencontrer, butiner et jardiner sont des activités indissociables de cette démarche. Collecter et transformer les matériaux proposés par les lieux et leurs usagers, les faire résonner avec d'autres, hors champ, dans le mouvement du processus de création enrichi de croisements avec le son, le design, l'hypnose ericksonienne, le paysage.

Ces dernières années, elle développe des formes particulières de rendez-vous publics : les Plages. Le promeneur-visiteur-spectateur-auditeur-joueur y acquiert le statut de baigneur, accompagné par C. Contour en artiste-plagiste avec la complicité de nageurs, artistes et chercheurs. Ils se glissent ensemble dans une expérience esthétique intime et collective.

Elle collabore régulièrement à des projets d’autres artistes tels que Frédéric Lormeau, Jean-Paul Thibeau ou Jennifer Lacey. Son choix d’un art responsable et engagé s’accompagne d’une mise en question de son statut d’artiste.

En 2008, elle inaugure un nouveau mode de collaboration en qualité d’artiste accompagnant. Elle s’intéresse à la pédagogie en art, tout particulièrement à travers la question des dispositifs et des outils et intervient dans de nombreux contextes de transmission. Elle conçoit différents modes de transmission de l’outil hypnotique dont une formation adaptée aux lieux d’enseignement supérieur en art (à l’école des beaux-arts de Grenoble et d’Aix-en-Provence en 2009-2011, pour « Transforme » à la Fondation Royaumont en 2010).

Dans le même temps, elle élabore le projet croisé d’un lieu-laboratoire autour de la culture d’une soma-esthétique. Projet qui articule intimement inscription sur un territoire et circulation, accueil et création.

Elle poursuit actuellement la série des Autoportraits engagée en 1990 en dialogue avec des lieux, (Autoportrait aux Bois des Moutiers, 2011), le projet L’art du repos au bout du plongeoir pour la Biennale de Rennes « Ce qui vient » 2010, prépare une création pour le site de Lamelouze dans les Cévennes (installation et protocole chorégraphique), un solo pour l'artiste Jean-Paul Thibeau pour le CAPC/Bordeaux et engage à la Fondation Royaumont le vaste chantier Bol, expériences esthétiques en jardins, sites et architectures (2011-12).